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Violences intrafamiliales, ou l'assimilation des femmes aux enfants

Violences dites intrafamiliales, ou familiales, ou domestiques : à intervalles réguliers, elles reviennent dans l'actualité.
Cette triste réalité est supposée concerner adultes et enfants.
"Adultes" : la catégorie devrait être inclusive, englober hommes ou femmes, maltraitants ou maltraités.

Les discours dominants autour des violences familiales nous serinent une autre chanson.
Des couplets sur les " femmes et enfants" maltraités. Les membres de la famille faibles, dominés.
Devinez l'identité des maltraitants ? Des adultes, du seul genre masculin, bien sûr.
Les membres de la famille forts et dominateurs, bien sûr.

Sauf que cette présentation n'est pas seulement simple.
Elle est surtout simpliste, surtout inexacte. Et sexiste.




Les violences intrafamiliales proclamées maltraitances faites aux femmes et enfants (par des adultes de genre masculin)

 

Les violences familiales constituent un fléau social, qu'il importe de combattre dans toute la mesure du possible.
Jusque là, tout le monde est d'accord. Au-delà, les choses se gâtent.
Ces violences sont parfois assimilées à celles commises par un conjoint violent sur l'autre (violence conjugale), elles-mêmes entendues comme des violences faites aux femmes.
En réalité, qu'en est-il ?
Il s'agit de toutes formes de violence physique, sexuelle, psychique ou économique entre membres d'une même famille, quel que soit leur âge.
Les violences familiales peuvent donc viser aussi les enfants, ou même les ascendants.
Selon certaines estimations, un enfant meurt tous les cinq jours des suites de violences familiales chaque année en France, et environ 52 000 mineurs subissent des violences.

Combattre les maltraitances intrafamiliales impliquerait donc de protéger les victimes dans toute leur diversité (mineurs, majeurs de tous genres) ?
D'identifier, poursuivre, prendre en charge les auteurs dans toute leur diversité ?
Vous vous égarez !
Revenez dans le droit chemin :
Combattre les violences familiales, c'est protéger les femmes et les enfants, chaque année victimes de violences dans le cadre familial.
Préserver femmes et enfants dans tous contextes susceptibles d'aggraver les dangers de violences domestiques.
Fournir les informations nécessaires pour alerter et agir à fin de préserver les femmes et les mineurs victimes de violences dans le foyer.
Notamment en favorisant l'usage des numéros d'appel pour les femmes (3919) et les enfants (119) victimes de violences.
Aider les associations de lutte et de protection contre les violences envers les femmes et les enfants.

Que nous chante donc ce refrain médiatico-politico-associatif ?
Des paroles bienveillantes sur la protection des "femmes et des enfants", certes.
Mais qui parquent les femmes dans une catégorie unique : des mineurs, des faibles, des innocents, des victimes des violences domestiques.
Dont les auteurs relèvent d'une autre catégorie unique. Est-il besoin de préciser     laquelle ?

Sauf que la rengaine ignore purement et simplement une réalité complexe et implacable : Les femmes subissent souvent des violences familiales.
Et souvent, elles en commettent.


Les violences intrafamiliales constituent aussi des maltraitances faites par les femmes


1) A l'égard de leurs conjoints

D'autres articles du blog abordent ce thème des violences conjugales. Il suffit de rappeler ici  la constante stigmatisation des conjoints masculins comme les auteurs exclusifs.
Les femmes jamais violentes, toujours victimes ?
En réalité, les statistiques officielles françaises nous révèlent qu'environ un quart de ces violences sont exercées par des femmes. Une minorité non négligeable.


2) A l'égard des enfants

En 2017, les auteurs de maltraitances commises sur les enfants étaient issus de leur famille proche à hauteur de 95, 8 %, en 2018, à hauteur de 95,4 %.

Qui sont ces auteurs ?
La mère dans 54,2 % des cas en 2017, 58,3 % en 2018.
Entre 1996 et 2015, les femmes représentent 70 % des personnes condamnées pour homicides sur des mineurs de moins de 15 ans.
Entre 2012 et 2015, les mères représentent 50 % des personnes impliquées dans les morts violentes d'enfants (mineurs jusqu'à 18 ans) au sein des familles.

C'est donc au genre féminin qu'appartiennent les auteurs de violences familiales commises sur les enfants, dans une proportion proche d'être majoritaire, et pour le moins, "paritaire" avec les auteurs de genre masculin.
Quelle surprise.
Les femmes sont des êtres humains à part entière.
Parfois capables de maltraiter, voire de tuer.
Quelle surprise. Quel embarras.
Que faire de cette patate chaude, de ces violences familiales féminines ?
Les cacher autant que possible.
Ce dont ne se privent pas les mouvements féministes.
Soucieux, à raison, de dénoncer la violence et la domination masculines, ils contribuent au déni de la violence féminine, sous toutes ses formes.

Dénier les maltraitances féminines, commises notamment dans le cadre  familial, serait donc féministe.
Assimiler les femmes aux enfants aux fins de les protéger des violences familiales serait féministe.
Sauf que cette confusion nuit aux femmes, ramenées à une exclusive condition de personnes vulnérables, dominées, inoffensives : vieux clichés sexistes.
Vision rétrograde, condescendante, paternaliste des femmes. Oserais-je dire       patriarcale ?
Dénier les maltraitances familiales féminines  ne protège pas davantage les enfants.
Mais précipite dans l'ombre ceux - nombreux - qui les subissent.


Continuons donc à ignorer la diversité réelle des auteurs et des victimes des violences familiales.
A nous voiler la face.
Tout le monde y perdra. Les femmes et les enfants d'abord.





4 commentaires:

  1. Bon rappel des chiffres et de la situation.
    On parle exclusivement des mères/enfants comme victimes, mais quid du problème quand c'est la mère qui est violente envers ses enfants? (j'ai été victime de ce cas).
    Et je pense notamment pendant le confinement à toutes les victimes, y compris celles dont on ne parle pas et qui ont aussi besoin d'aide...
    Et effectivement, je ne suis pas loin de penser que le fait de toujours cantonner les femmes aux rôles d'éternelles victimes (bien que dans les faits elles soient effectivement majoritairement victimes), ça renforce effectivement l'idée patriarcale selon laquelle une femme est forcément faible et un homme est forcément fort.
    Toujours le même problème qui bloque la situation, en somme.

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    1. C'est tout de même ironique (ou très agaçant...) de voir des mouvements et/ou des personnes qui se réclament haut et fort du féminisme entretenir (involontairement ?)cette vision conservatrice des hommes et des femmes...

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    2. Je pense que c'est comme toujours cette peur que "les dominants" invisibilisent les victimes. Dans un sens je peux comprendre, sauf qu'invisibiliser des victimes, peu importe la raison, je ne peux qu'être contre au final.

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  2. Peu importe les raisons, en effet, ou les bonnes intentions (dont l'enfer est pavé), il ne me paraît pas admissible d'invisibiliser certaines victimes, ni davantage certains auteurs

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