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Pédophilie/inceste : la récupération "féministe"

Le problème de la pédophilie revient à intervalles réguliers sous les projecteurs médiatiques.
A l'occasion, par exemple, d'un nouveau scandale dans tel ou tel milieu professionnel, d'un procès, d'un film, de la parution d'un livre de témoignage..

Il est nécessaire de briser l'omerta sur ce type d'agressions sexuelles, sans oublier le sujet - distinct mais voisin - de l'inceste. Il importe de protéger les enfants.

Mais trop souvent, cette indispensable lutte contre les violences faites aux enfants subit une annexion par le thème de la domination masculine sur les femmes,.
Une récupération "féministe" qui oublie sans vergogne qu'il s'agit d'abus commis par des adultes à l'encontre d'enfants des deux sexes.




Pédophilie et inceste : des abus d'adultes sur des enfants et adolescents


- filles comme garçons, tous exposés

Environ 6 % de la population française aurait subi des violences sexuelles avant l'âge de 18 ans, soit environ 3 millions de femmes et un million d'hommes.
Un rapport de l'OMS indique qu'environ 20 % des femmes et de 5 à 10 % des hommes ont été violentés durant l'enfance. Ces agressions sont souvent liées à l'inceste (infraction réintroduite dans le code pénal en 2016).
Selon l'IPSOS, les abus sexuels concerneraient une fille sur cinq et un garçon sur treize.
Dans le milieu du sport, 13 % des filles et 10 % des garçons seraient concernés par ces violences.

A noter qu'une faible proportion de victimes porte plainte et que leur chiffre est probablement sous-estimé. Toutes les victimes ont tendance à se taire, les garçons davantage encore, en raison d'une identité masculine supposée incompatible avec la victimisation.

- adultes pédophiles et/ou incestueux : surtout des hommes, mais aussi des femmes

Les hommes sont largement majoritaires parmi les agresseurs.
Toutefois, ceux-ci compteraient 11 à 22 % de femmes, dont les victimes sont des garçons à hauteur de 60 %.
Sans oublier que les faits de violence sexuelle commis par les femmes sont moins souvent dévoilés par les victimes à la police, entraînent moins souvent des poursuites judiciaires.
Tabou social, la pédophilie féminine demeure minimisée.
En particulier l'inceste féminin, qui bouscule le stéréotype de la mère aimante, protectrice et nourricière.
maman et jeune enfant
Les femmes pourraient néanmoins représenter près d'un quart des auteurs d'inceste, qu'elles commettent souvent sous couvert de soins d'hygiène corporelle.


Des hommes, en majorité, des femmes, parfois, se rendent coupables d'agressions sexuelles à caractère pédophile et/ou incestueux à l'encontre de filles et aussi de garçons.
Des adultes abusent d'enfants.

Il est essentiel d'informer, d'alerter, de sanctionner. Dans toute la mesure du possible, de protéger - tous - les enfants victimes ou susceptibles de l'être.

Mais ce problème est fréquemment vampirisé par le thème de la domination des hommes sur les femmes, des abus masculins sur la gente féminine.


Pédophilie et inceste : l'annexion "féministe"


Un livre paraît, dans lequel une femme témoigne de son passé d'adolescente sous emprise d'un écrivain pédophile. Lequel s'en prenait aux très jeunes filles, mais n'oubliait pas les jeunes garçons, souvent asiatiques, souvent prostitués.
Qu'importe cette diversité des victimes !
Faites passer le message :
Nous assistons au déclenchement d'un "#metoo littéraire", petit frère de celui qui a remis en cause la domination masculine, permis aux femmes de passer à l'offensive contre les violences sexuelles, libéré leur parole.
Une romancière clame son allégresse : le témoignage annonce la fin d'un "masculin sans domination" et la venue d'un "temps des femmes".
D'autres femmes de lettres le proclament : la révélation des agissements de l'écrivain pédophile mettent au grand jour le maintien des femmes dans un statut d'"éternelles mineures", elles refusent désormais d'être "celles qui encaissent","la loi du silence" pour les femmes, dénoncent le sexisme dans le monde de l'édition.

Par ailleurs, à l'occasion de divers scandales et révélations, l'omerta sur les agressions pédophiles en milieu sportif serait en voie d'effritement. Une bonne nouvelle, de toute évidence.
Nous apprenons que ce progrès participerait à la libération de la parole des femmes, à une avancée féministe, à la cause des femmes.

Autre évolution, le silence finit parfois par se briser sur l'inceste, des victimes témoigner, les médias se pencher sur ce sujet tabou, qui provoque les traumatismes les plus profonds.
Et voici ce que nous obtenons :
Des déclarations tonitruantes sur la nécessité d'en finir avec les maux subis par les femmes, les violences, incluant l'inceste, faites aux femmes.
La relation d'un témoignage - émouvant - d'une femme autrefois victime d'inceste transformée en manifeste pour la parole des femmes victimes de violences sexuelles dans leur enfance.
Un documentaire sur l'inceste présenté en occasion de donner la parole à des femmes et à des jeunes filles.
Le récit (poignant) d'une femme autrefois violentée par son père analysé comme outil de lutte contre les violences faites aux femmes par les hommes.



Il y a lieu de se féliciter de la levée - certes partielle - du tabou autour des agressions pédophiles et/ou incestueuses.
Mais s'en réjouir comme d'une victoire contre la domination masculine sur les femmes est problématique.
Pareil enthousiasme néglige un détail  (insignifiant n'est-ce-pas ?) :
Les abus incriminés s'exercent, ou se sont exercés, par des adultes (souvent des hommes mais pas toujours) à l'encontre d'enfants des deux sexes.
Ignorer une partie de ces jeunes victimes est malvenu.
Heureusement, cette indécence n'est pas générale. A propos des violences sexuelles "contre les mineur.es", même l'association - très - féministe "Osez le féminisme" n'a pas... osé oublier les garçons.


Réduire les victimes au genre féminin est de bon ton. Du féminisme "correct".
Pas sûr que la cause des femmes s'en porte mieux.
Encore moins celle des enfants.



2 commentaires:

  1. J'avoue que j'ignorais qu'il y avait autant de femmes dans les agresseures (même si j'entends régulièrement des choses sur le sujet).
    On en revient encore au gros problème de faire le tri des victimes (qui soit dit en passant a l'énorme inconvénient - en plus de terrer les victimes "mauvaises" dans le silence - d'encourager les agresseur.e.s dans leurs actes vu qu'ils ne sont pas dénoncés).
    On se confronte aux stéréotypes que personne ne veut démystifier.
    Déjà que c'est difficile d'être cru.e.s quand justement c'est une personne proche qui est agresseur.e, alors en plus avec les stéréotypes de genre...
    Mais quelque part, comme tu dis, c'est déjà une avancée, et effectivement il faut se réjouir du fait que la parole commence à se libérer...
    Intéressant article et sources!

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  2. Merci pour ton commentaire.
    Les femmes pédophiles/incestueuses sont très minoritaires, mais leur nombre n'est tout de même pas négligeable, et de surcroît probablement minimisé en raison des lourds tabous autour de toute violence féminine.

    Quant au tri des victimes, comme tu dis, il est problématique d'une manière générale - et pour toutes sortes de raisons - mais encore davantage quand il s'agit d'enfants et d'adolescents...

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