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"Mademoiselle", ou l'âge des femmes

 Longtemps, j'ai tourné autour du terme "mademoiselle". En parler dans le blog, ou pas ? Jusqu'au jour où je suis tombée s...

Remède miracle pour les soins médicaux


 Vous avez peut-être entendu parler de Martin Winckler ?
 Médecin, écrivain, féministe.

Pour ma part, je l'ai découvert  grâce à deux livres qu'il a écrits pas mal d'années auparavant sur les séries télé.
Beaux titres - "Les miroirs de la vie" et "Les miroirs obscurs" - et bons livres !
Le sujet n'était pas encore à la mode.
Martin Winckler était un précurseur.
Mordue de (bonnes) séries, je l'ai estimé pour cela.

Ensuite, il a continué d'écrire, sur le système de santé français, le milieu hospitalier. Romans ou essais, encensés par la critique, appréciés par le public.

Je n'ai pas lu ces ouvrages. Sans doute une névrose personnelle sur les fictions médicales, je n'ai JAMAIS regardé "Urgences" ni "Docteur House". Je devrais peut-être consulter...

Ce qui ne m'a pas empêchée de suivre l'actualité littéraire de Martin Winckler.
De m'intéresser à son approche critique du système de soins médicaux, son attention particulière aux femmes.

Tout allait bien.
Jusqu'à la sortie, en mars dernier, de son dernier roman en date : "L'école des soignantes".



 

 

 

 

 

 

 

 

Améliorer les soins médicaux : l'hôpital utopique de Martin Winckler

 
D'emblée, le titre du livre m'a fait tiquer.
Pourquoi "des soignantES" ?

Sur son blog et dans des interviews, Martin Winckler nous fournit des explications.
D'abord sur la médecine hospitalière dont il rêve : 

 Un hôpital"utopique", un hôpital du futur - l'histoire se déroule entre 2034 et 2039 - 
- "régi par l'idéal de bienveillance et d'égalité",
- dans lequel fonctionnent "d'autres modèles du soin et de son apprentissage",
-  qui abolit les "rapports de domination" et "de pouvoir"
- où "toute personne" est soignée et/ou formée aux soins avec "attention", "respect", "écoute"
-  qui répond "de manière appropriée et égalitaire aux besoins des femmes" excessivement négligées et méprisées "par le corps médical".

Vous êtes sans doute d'accord.
Moi aussi.
Un système de soins, une médecine, des médecins respectueux des patient.es, qui s'efforcent d'être à leur écoute, sans les dominer de leur pouvoir et de leur savoir.


La glorification du soin exclusivement au féminin...


Oui, mais comment atteindre ce paradis médical ?
Martin Winckler nous propose la solution clés en mains.
Le genre féminin.
Du corps médical : dans son hôpital "utopique", les femmes y représentent 90 % du personnel.
Du langage : tout le monde est "au féminin", tout le monde est "soignante" (ou "soignée").

Le narrateur est un homme, me direz-vous ?
Certes, mais prénommé Hannah, asexuel, "soignante". Aussi féminin que possible.

Ne cherchez plus. Si vous rêvez de :
"bienveillance"entre personnel médical et patients, "respect", "écoute", disparition des rapports de "domination",
Le docteur Winckler détient la recette miracle.
Effacer le masculin (hommes et genre),
Recourir au féminin (femmes et genre).

Après quoi, c'est garanti, nous serons mieux soignés.
Je veux dire soignées.

Notre sauveur (sauveuse ?) affirme que mettre "tout le monde au féminin" abolira "la hiérarchie de genre" et la "domination masculine".
Ce qui revient à remplacer une hiérarchie par une autre...
Pas si novateur, le système "utopique" de Martin Winckler.

Et sa vision des femmes est encore moins progressiste.

...alimente les stéréotypes sur la féminité



Selon Martin Winckler, elles ne sont que douceur, patience, empathie, bienveillance.
Le "monde au féminin" nous épargne les rapports inégalitaires, de domination, hiérarchie, pouvoir.
Des caractéristiques - que dis-je, des tares - masculines, cela va sans dire.

Le livre serait un "hommage aux femmes".
Vraiment ?
Un "hommage" qui coincent les femmes sur un piédestal de perfection, statufiées en anges.
Qui les vitrifient en icônes idéalisées.

Gare aux femmes qui s'écartent de ce carcan de vertu : elles y perdent leur féminité, imitent les hommes, transformées en éponges absorbant les comportements masculins, forcément maléfiques.
Diable !

Notre utopiste déclare son livre "en accord avec les  théories féministes les plus avancées"
Avancées ?
En réactivant et ressassant des clichés rétrogrades :
Aux femmes de prendre soin des malades, des enfants, des personnes âgées ou
handicapées !
Elles le font si bien ! Nées pour cela ! Douceur, sollicitude, abnégation !
Ne sont-elles pas merveilleuses ?

Que l'auteur de "L'école des soignantes" reste optimiste.
Les femmes demeurent très majoritaires dans les métiers de la petite enfance, du soin, de l'aide psychologique (par exemple 90 % d'infirmières ou d'aides-soignantes).
Dans ces secteurs, qui s'inquiète de parité professionnelle ?

 Quant à la médecine et les études médicales, elles se féminisent.
Nous devrions nous rapprocher de "l'utopie" selon Martin Winckler.
Sauf qu'à ce jour, aucune révolution des relations médecin-malades n'a été décelée.
Quant aux causes de ce nouveau dédain des garçons pour les études médicales, qui s'en soucie ?


Soins et santé, l'affaire de tout le monde


Quelles pistes pour améliorer le système médical et hospitalier, les droits des    patient.e.s ?
Toujours plus de clichés simplistes sur les femmes et les hommes ?
Toujours plus de bataille des sexes, d'opposition des genres ?
Deux mondes face à face ? Deux blocs irréconciliables ?
C'est sûr que le monde médical s'en portera mieux, sans parler des malades...


Ou bien alors,
Rêvons un peu.
Plus de formation, de qualifications ? De moyens ?
Sans oublier la mixité dans l'organisation des carrières et des soins, 
Grâce aux compétences et aux talents de chacune et de chacun ?

Espérons que ce n'est pas utopique.



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