Article mis en avant

"Mademoiselle", ou l'âge des femmes

 Longtemps, j'ai tourné autour du terme "mademoiselle". En parler dans le blog, ou pas ? Jusqu'au jour où je suis tombée s...

égalité hommes-femmes : parité professionnelle à sens unique

Vous imaginez l'égalité hommes-femmes (femmes-hommes si vous y tenez) sans parité professionnelle ? 
Pourquoi pas faire du vélo sans bicyclette ?

La parité, c'est donc incontournable.
Surtout que "les filles et les garçons sont aussi compétents dans tous les domaines"

Comment s'y prendre ?
N'y allons pas par quatre chemins.
Cassons "les clichés, les préjugés",
Pulvérisons "les stéréotypes de genre liés aux métiers", favorisons "la mixité",
Bataillons pour une représentation "équilibrée" des hommes et des femmes (des femmes et des hommes, d'accord).

C'est parti, tout le monde en route vers la parité !
Oui mais...à sens unique.

traffic sign



La parité en direction des métiers masculins...


Lire la feuille de route de l'égalité-parité ne vous prendra pas la semaine :
Davantage de femmes dans les professions où les hommes ont la manie de se bousculer.

En particulier :

-  dans les métiers scientifiques et techniques

Pas plus de 30 % de femmes y travaillent.Cette situation ne peut plus durer.
Heureusement, les pouvoirs publics s'activent.
D'ici à 2020,  ils envisagent "la promotion de la mixité des métiers"et "40 % de filles dans les filières scientifiques du supérieur"
Les entreprises aussi agissent en faveur de la "mixité des métiers" techniques.
Prenez par exemple la société Orange : elle s'engage pour l' "égalité professionnelle", une "représentation équilibrée dans tous les métiers".
Avec du concret : un dispositif "classes de techniciennes" à destination de "femmes éloignées de l'emploi".


D'autres bastions masculins restent à conquérir :

- les métiers du numérique
 Ils représentent l'avenir, et radieux s'il vous plaît !
Leur gros défaut ?
Où sont les femmes ?
Elles y représentent moins de 15 %  des diplômés ! Pas brillant, non ?
Rassurez-vous.
30 à 50 % de femmes devraient prochainement bénéficier des formations proposées par la grande Ecole du numérique.

la haute fonction publique, alimentée par l'ENA
A votre avis, combien de jeunes femmes dans cette couveuse à futurs dirigeants politiques ?
A peine 40 %  dans les récentes promotions.
Pas davantage ?  Peut mieux faire !

- et bien sûr les professions du cinéma
Toute la planète est au courant, vous aussi je suppose (merci #metoo), elles abritent une forteresse de la domination masculine.
Il est plus que temps d'y instaurer la parité.
Un "collectif 50/50" (ni plus ni moins !) a organisé en septembre 2018 des "assises sur la parité, l'égalité et la diversité dans le cinéma
L'objectif ?
Inciter les décideurs à "former des équipes plus équitablement mixtes".


Par ailleurs, le saviez-vous ?
La parité professionnelle favorise l'égalité femmes-hommes mais pas seulement !
Elle représente un gage de performance, un "pilier de croissance", permet aux équipes mixtes au travail d'être "plus performantes", les salariés "plus épanouis".

Pourquoi s'en priver ? 
La parité femmes-hommes doit étendre son règne bienfaisant partout.

Partout ? Pas tout à fait.

 ...fait l'impasse sur les professions féminines


J'évoquais plus haut la feuille de route de la parité :
Vous aurez beau la lire, la relire, vous aurez du mal à y dénicher l'objectif suivant (ou alors en note de bas de page, en caractères minuscules ?) :
Davantage d'hommes dans les professions où les femmes sont très nombreuses.

Il y aurait pourtant matière.

Vous savez combien d'hommes enseignent à l'école primaire ? 20 %
Et  dans les écoles maternelles ("maternelles", tout un programme) : à peine 7 %

"Un flic à la maternelle" avec Arnold Schwarzegger
Je suppose que pour vous, les infirmiers sont avant tout des "infirmières".
Vous avez raison, ces messieurs représentent 10 % de la profession.
Quant aux "assistantes sociales", je vous le donne en mille, parfois, il s'agit d'assistants sociaux !
Mais pas plus de 10 % !
Le saviez-vous ? Les puéricultrices peuvent être des puériculteurs (1 %) !
Et les aides-soignantes, des aides-soignants (10 %).
Le cas des assistantes maternelles est simple : 0 % d'hommes. Pareil chez les... sages-femmes. (MAJ  : les hommes représenteraient 2 à 3 % de cette profession. Mais selon un média de "référence", ils y seraient ...surreprésentés, dans les postes valorisés. Ô le scandale !).

En bref, les métiers de la petite enfance, du soin, de l'éducation, de l'aide psychologique et sociale (souvent mal rémunérés, mal considérés) affichent une présence masculine très minoritaire, voire absente.

Vous vous interrogez : pour ces professions-là aussi, des initiatives doivent prévoir de rééquilibrer un peu tout ça?

Vous avez vu passer quelque chose ?
Des campagnes de communication ? Des quotas ? Des aides financières?
Un dispositif "classe de puériculteurs" pour les hommes "éloignés de l'emploi" ?
Des assises "sur la parité, l'égalité et la diversité" dans les professions de la santé et de la petite enfance ?
Un "collectif 50/50" ?
Pour inciter à la formation d' "équipes plus équitablement mixtes", aux salariés "plus épanouis" ?
Pour  "casser les clichés, les préjugés" ? "Pulvériser les stéréotypes de genre liés aux métiers" ? "Favoriser la mixité" ?
J'avais cru comprendre que filles et garçons, femmes et hommes sont "aussi compétents dans tous les domaines"?

Personne pour présenter un grand plan ?

Silence dans la salle.


La parité à sens unique alimente les stéréotypes de genre


Ne cherchez pas, le grand silence ne cache aucun mystère.

Le combat pour la parité, camarade, c'est liquider les zones réservées aux hommes.
Aider les femmes à exercer des métiers de mecs.

Astronaute ou chauffeur de bus,
Plombier ou ingénieur.
Vive la mixité... dans les métiers d'hommes.
Les seuls qui valent la peine du combat paritaire.

Le prestige du masculin a la vie dure.
La parité à sens unique contribue à l'entretenir. 


Et ce n'est pas tout.
A votre avis, pourquoi les métiers dits "de femmes" demeurent... féminins ?
Ils sont souvent mal payés, peu valorisés, d'accord. Mais les blocages ont d'autres racines.
Avant tout, la supposée compétence des femmes pour s'occuper des enfants, mais aussi des malades, des vieux, des pauvres etc.
 Les vrais hommes, des hommes virils ne vont pas accomplir ce genre de boulot, vous plaisantez.
C'est suspect.


En gros, par essence, par nature, les femmes sont douces, compatissantes et vouées aux couches-culottes.
Et par essence, par nature, les hommes sont de grosses brutes insensibles (sauf ceux qui ne sont pas de vrais mecs).

Pour casser "les clichés, les préjugés" et le SEXISME en général, il y a encore du boulot...

Pas sûr que la parité à sens unique y suffise.


D'autant plus qu'elle ignore un autre phénomène anti-mixité.


La parité à sens unique néglige - aussi - la disparition des hommes dans des secteurs autrefois masculins


La lutte égalitaire-paritaire a une priorité (une obsession ?) : plus de femmes dans les professions masculines.

Et lorsque les hommes délaissent celles-ci ?
Vous êtes sceptique ?
Cela devient pourtant une réalité.
Dans leurs choix d'études, les garçons abandonnent désormais des secteurs entiers, jadis masculins.
Leurs flux d'entrée tombent parfois à moins de 25 %.

Les domaines sont variés :
Entre autres, magistrats, avocats, architectes, conservateurs du patrimoine, dentistes, médecins, journalistes, pharmaciens, vétérinaires.
Que du beau monde. Et pourtant.
 En 2016 et 2017, environ 75 %  des étudiants de l'ENM (école de la magistrature) sont des étudiantes. Idem pour les élèves avocats, 70 % de filles en 2017.
La proportion est comparable chez les étudiants vétérinaires en 2016. (MAJ : près de 80 % de femmes en 2022/2023)

A ce rythme, la parité dans ces professions est imminente.
A ce rythme, elle disparaîtra.

Et alors, me direz-vous ? Où est le problème ?
Célébrons au contraire cette éclatante conquête féminine de citadelles masculines !

Oui, d'accord, célébrons.

champagne glasses










Mais, mais, que deviennent "la parité, l'égalité et la diversité" ?
La "représentation équilibrée" entre hommes et femmes dans les métiers ?
Les "équipes équitablement mixtes" ?
Le "gage de performance" ?


Circulez (à sens unique), il n'y a rien à voir.







4 commentaires:

  1. Quelle délicieuse ironie mordante! Oui, la parité est à sens unique. Mais il est plus facile d'engager les jeunes femmes à suivre des carrières naguère exclusivement masculines, bien rémunérées et considérées, que d'encourager des jeunes hommes à rejoindre le camp des exploitées que sont les infirmières ou les enseignantes... C'est moins vendeur comme parité! Venez messieurs vous dévaluer avec nous...

    RépondreSupprimer
  2. Chère Guenièvre, en matière d'ironie mordante, vous n'avez rien à m'envier !
    La parité professionnelle cible certes des professions prestigieuses, mais s'étend en réalité à la plupart des métiers à majorité masculine, même moins cotés (par exemple techniciens, dans des domaines divers).
    Allez-y les filles ! C'est masculin, c'est bien !
    Quant aux professions à majorité féminine, ils sont effectivement peu valorisés (l'article le rappelle). Faut-il pour autant abandonner toute tentative de rééquilibrage ?

    RépondreSupprimer
  3. Je viens de regarder le documentaire sur FR2 sur l'inégalité salariale, j'avoue que c'était très intéressant.
    Ils y disaient notamment qu'il y avait des lois dans le sens de l'égalité mais presque aucune volonté politique pour les appliquer, tant et si bien qu'il était courant que des patrons ignoraient l’existence même de la loi.
    Apparemment il y aurait aussi une influence sur la valeur du travail, et qu'au Québec, la notion de prévalence masculine/féminine était très bien intégré là-bas, et qu'on constate aussi une dévalorisation de tout le métier (un infirmier ne gagnera pas beaucoup plus qu'une infirmière - euphémisme - car le métier est considéré comme à prévalence féminine et ça joue aussi dans le manque de reconnaissance notamment en termes de salaires.

    L'égalité dans l'autre sens est aussi évidemment un gros problème. Je sais que dans certains pays comme l'Angleterre, on déplore le faible nombre d'hommes instituteurs et il y a eu des volontés de faire quelque chose par rapport à cela.

    Il est vrai que les métiers dits "féminins" sont peu attractifs et peu valorisés, et souffrent effectivement des clichés de genre. (à tel point que des hommes voulant s'occuper d'enfants disent parfois "non car on me verrait comme un prédateur"). C'est vraiment triste de voir ça... et le monde gagnerait à avoir aussi un peu plus de mixité dans l'autre sens (dans les métiers dits "féminins").

    Par contre, pour la désertion par les hommes de professions autrefois masculines, sait-on pourquoi? C'est quand-même curieux que des métiers comme avocats ou architectes soient désertés, non?

    Merci pour ton article, en tout cas =)

    RépondreSupprimer
  4. Jorda, merci pour ton commentaire qui soulève plusieurs points pertinents.
    Les métiers dits "féminins" concernent souvent des professions peu valorisées, en terme de prestige et de rémunération, et personne ne s'inquiète qu'ils restent "féminins", livrés aux stéréotypes de genre.
    En revanche, l'arrivée de femmes dans des professions dites "masculines" apparaît toujours comme une victoire sur lesdits stéréotypes, y compris s'agissant de métiers peu prestigieux (par ex. conducteurs de bus ou de poids lourds, divers métiers manuels etc.).
    Envers et contre tout, le prestige du masculin a la vie dure, y compris dans des combats supposés féministes.

    Par ailleurs, oui, la désertion par les hommes de certaines professions anciennement masculines pose question.
    Et je n'ai pas de réponse, en l'état.
    En revanche, nous pouvons envisager d'emblée une conséquence à ce phénomène (assez tabou) : une probable dévalorisation des professions concernées...

    RépondreSupprimer